Au-delà des commanditaires, des acteurs et des bénéficiaires d’une politique publique, la société civile peut-elle participer au processus d’évaluation ? La génération la plus récente des méthodes évaluatives va dans ce sens. Cette innovation était présente en France dès 1987. Trop tôt dans doute pour dépasser les craintes et les doutes d’une telle ouverture suscite. Le temps qu’une culture évaluative se diffuse. La multiplication des évaluations d’actions publiques et des études sur l’utilisation de ces travaux, ces 30 dernières années, ont fait évoluer les mentalités et les manières de faire. Après le passage progressif des évaluations managériales, faites pour et par la seule administration, aux approches qui associent des tiers hors de l’administration, nous assistons au développement, outre-atlantique, d’une nouvelle génération d’évaluations encore plus ambitieuse en terme d’implication de la société civile : les évaluations « émancipatrices » (empowerment evaluations). Le rythme et les modalités de changement des pratiques évaluatives sont bien évidemment fortement liés au contexte particulier dans lequel se mettent en œuvre les politiques : le secteur social en France sera-t-il pionnier ou suiviste en la matière ?
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