L’évaluation de politique publique repose sur un modèle où la collectivité publique se donne des objectifs, que l’administration cherche à atteindre avec ses partenaires. Sous une forme ou une autre, il s’agit alors de comparer les résultats aux objectifs et d’expliquer les écarts. Les conclusions sont destinées à alimenter les projets de réforme et les inflexions de politique. Ce processus idéal typique semble fonctionner difficilement pour les politiques de l’État : l’ambition de « management de la performance » de la LOLF a échoué, des rapports d’évaluation suscitent dès leur publication des réactions qui rendent impossible la mise en application de leurs propositions… L’article propose une explication en explicitant la différence fondamentale de nature entre ce qu’on appelle « objectif » en politique et en gestion. Dès lors, le succès des politiques publiques supposerait la construction par l’ensemble de l’appareil d’État avec ses partenaires de plages de consensus et de compromis sur le sens de l’action à mener. L’évaluation, sous des formes qui peuvent être très diverses, est un outil privilégié pour y parvenir, à condition de prendre en compte la diversité des échelles de valeur et de parvenir à y enrôler les acteurs.
SOMMAIRE
Objectif opérationnel et objectif politique
La « significativité » ou « spécificité »
La mesure et l’indicateur
L’imputabilité
Le réalisme
La temporalité
Pour un « nouveau management politique »
Les instruments de la cohérence