En s’appuyant sur les résultats de deux études récentes commandées par France Stratégie, l’article propose une analyse critique du développement institutionnel et académique de l’évaluation d’impact des politiques publiques en France. Il montre que les évaluations d’impact, reposant sur des méthodes statistiques contrefactuelles, représentent une part faible – bien que croissante – des évaluations réalisées dans notre pays et qu’elle n’est produite que par quelques centres de recherche spécialisés. Les acteurs institutionnels de l’évaluation des politiques publiques (ministères, Parlement, Cour des comptes…), qui promeuvent une conception de l’évaluation plus large que l’identification de liens de cause à effet entre une politique et les résultats observés, ne font quasiment jamais appel à ce type de méthodes scientifiques. Le rôle joué par l’Insee et des services statistiques des ministères (SSM), à mi-chemin entre l’administration et la recherche, constitue une spécificité française dans le développement des pratiques d’évaluation d’impact.
SOMMAIRE
Le poids du contexte institutionnel et du modèle d’évaluation « à la française » centrée sur la mise en œuvre et la performance des politiques publiques
Une offre d’évaluation récente concentrée sur quelques acteurs académiques
La place centrale du pouvoir exécutif et le rôle des services statistiques ministériels
Un cloisonnement fort entre administration et milieux académiques