Les chercheurs en gestion furent à l’origine des premiers développements de l’évaluation des politiques en France, mais y jouent un rôle modeste aujourd’hui. Cet article tente d’expliquer ce paradoxe. D’abord en proposant une typologie de trois paradigmes de l’évaluation qui structurent le champ à travers le monde. Ensuite en analysant les forces sociales, côté demande et côté offre, dont le jeu explique la situation actuelle. Il conclut en suggérant aux chercheurs en gestion d’investir dans l’évaluation, en particulier de celle des politiques publiques qui influencent les entreprises et les organisations qui sont leurs objets de recherche.
SOMMAIRE
I – LES TROIS PARADIGMES DE L’ÉVALUATION DES POLITIQUES PUBLIQUES
1. L’évaluation stratégique, ou l’évaluation par les preuves
2. L’évaluation collaborative, ou l’évaluation par la délibération
3. L’évaluation managériale, ou l’évaluation par des normes de pilotage
II – LA DEMANDE D’ÉVALUATION ÉVOLUE AU GRÉ DES INITIATIVES SECTORIELLES ET DES ALTERNANCES POLITIQUES
1. Une activité dispersée dans l’espace et dans le temps
2. La gauche se dote d’une doctrine collaborative/pluraliste de l’évaluation à partir de 1990
3. La droite, longtemps réticente, promeut le principe de l’évaluation externe à partir de 1995
III – L’OFFRE D’ÉVALUATION SE DIVERSIFIE, AU DÉTRIMENT DE LA GESTION
1. L’offre « gestionnaire » n’a pas suivi la demande
2. Des offres disciplinaires concurrentes s’affirment
3. La faiblesse de l’offre (et de la demande) d’évaluation managériale au niveau de l’État est paradoxale
4. Une offre d’évaluation s’est constituée dans le conseil
5. La revanche des inspections générales depuis 2012
CONCLUSION