Cet article rend compte de l’expérience de l’Agence Française de Développement (AFD) en matière d’évaluations d’impact. Il s’agit d’apprécier dans quelle mesure ces études peuvent, quand elles sont conçues avant la mise en œuvre d’un programme, fournir les données probantes sommatives que les bailleurs de fonds cherchent à obtenir en préconisant une telle démarche. Nous nous appuyons plus spécifiquement sur trois essais contrôlés randomisés (ECR) à grande échelle, afin de voir s’ils peuvent nous apporter des réponses en termes d’impact du programme considéré – « sur qui », « sur quoi » et « de quoi ». Nous parvenons à la conclusion que ces études expérimentales sont tout à fait indiquées pour des problématiques de type « tunnel », caractérisées par un nombre limité d’intrants homogènes bien spécifiques, un processus éprouvé et testé, une chaîne causale d’événements et de preuves courte et extérieure, une appropriation rapide et durable par les bénéficiaires, une participation large et stable et un ensemble de résultats (outcomes) quantifiables à court terme. Si bon nombre de ces problématiques, bien réelles, méritent d’être étudiées de manière expérimentale pour apporter des éléments qui seront pris en compte dans les politiques futures de développement, rares sont les interventions de développement qui réunissent ces conditions, de sorte que leur utilisation à des fins sommatives est réduite.
SOMMAIRE
1 – Introduction
2 – Trois cas d’évaluation d’impact
2.1 – PROGRESA et les transferts monétaires conditionnels
2.2 – Microfinance en milieu rural : Al Amana au Maroc
2.3 – Assurance-maladie : SKY au Cambodge
3 – Vers la redevabilité ? Les évaluations d’impact sommatives
3.1 – Sur quel public mesurons-nous l’impact ?
3.2 – De quelle intervention mesurons-nous l’impact ?
3.3 – Sur quels critères mesurons-nous l’impact ?
4 – Les conditions requises pour des évaluations d’impact sommatives
5 – Conclusion